Elles figurent parmi les pionnières
de la direction symphonique
Travaillant aux côtés de grands chefs dès les débuts de sa carrière, Claire Gibault fut amenée à diriger les grands orchestres, en tant qu’assistante d’abord (de Theodor Guschlbauer à l’Opéra de Lyon), puis après avoir pris la tête de l’Orchestre des Pays de Savoie, elle revint à Lyon en tant qu’assistante de John Eliot Gardiner.
Elle se fit remarquer pour avoir été une pionnière, sur le plan national et international, dirigeant dans les années 1990 des orchestres comme celui de la Scala de Milan ou le Philharmonique de Berlin, connus pour être réfractaires à la présence d’une femme à leur tête, ou en 2005, l’Orchestre Philharmonique de Radio-France qui refusa de jouer sous sa direction.
La même année, la cheffe Australienne Simone Young est devenue la première femme à diriger le Philharmonique de Vienne.
Pour Laurence Equilbey, la création d’ensembles repose sur des raisons esthétiques. 20 ans après «Accentus», elle fonde «Insula Orchestra», ensemble qui joue sur instruments d’époque, du classicisme au romantisme, un orchestre professionnel mais non permanent. Sa carrière prend de l’ampleur depuis une dizaine d’années et elle dirige par ailleurs de plus en plus d’orchestres symphoniques en tant qu’invitée. Lors de ses interviews, elle exprime son agacement face à la mainmise masculine sur le monde culturel même si, dans son cas personnel, elle n’a pas à se plaindre.
“J’ai aimé diriger depuis l’enfance”, dit Laurence Equilbey : « C’est dans mon caractère, j’aime bien être aux commandes pour que ça bouge ! » Après des études instrumentales et musicologiques, elle a suivi sa formation en Allemagne puis en France, d’abord en direction de chœur, puis en direction d’orchestre. Elle cite Nikolaus Harnoncourt et Claudio Abbado comme les maîtres de sa technique gestuelle. La manière de s’adresser aux musiciens ou de diriger fait l’objet d’une attention particulière chez les cheffes. Claire Gibault explique combien la remise en cause de son geste à ses débuts, supposé «pas clair», l’a amené à travailler encore plus que n’importe quel chef. Laurence Equilbey considère qu’il est nécessaire de s’imposer au même titre qu’un homme même si elle prône le dialogue avec les musiciens.