CA VA MIEUX EN MUSIQUE

Cet article est issu du magazine Sciences et Avenir n°879 daté mai 2020,”Spécial coronavirus” (extraits retenus par Pierre Verrier, professeur de violon).

Devinette. Quel est le traitement qui, selon les cas, apaise ou stimule, se consomme sans modération ni risque d’effets secondaires, est facile d’accès, simple d’utilisation, toujours accessible et sans aucun risquede pénurie ?

La musique.

Qu’on l’écoute ou la pratique, en solo ou en groupe, celle-ci nous fait incontestablement “du bien”. Au point que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), convaincue de ses bienfaits, a publié voici quelques semaines un rapport consacré à ses effets – et àcelui de l’art en général – sur l’amélioration de la santé et du bien-être. Ainsi, au fil du temps, mélodies et rythmes ont imposé leurs capacités à soulager, aider, accompagner, à nous toucher parfois même jusqu’au frisson.

Quel est le point commun à la musique, la nourriture et les drogues ?

La récompense. C’est-à-dire la libération de dopamine par le cerveau, à l’origine d’un véritable “frisson” de plaisir. Afin de vérifier ses effets sur le bien-être des patients, les spécialistes de l’OMS ont analysé près de 900 études. Et la liste qu’ils sont parvenus à établir est longue : réduction de l’anxiété et de la douleur, baisse de la tension artérielle, diminution de certains effets secondaires dûs aux traitements anticancéreux (nausées, fatigue).

Avec la danse, c’est l’amélioration des scores de motricité de personnes atteintes de la maladie de Parkinson ou victimes d’un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) qui a été constatée.

Quant au chant, il permet de mieux rééduquer la fonction respiratoire et le langage. Sans oublier une amélioration de la qualité de vie pour l’ensemble des malades et des conditions de travail pour les soignants, ravis de ces pauses musicales.

Résultat : de nombreux services hospitaliers font désormais appel en France à la musique sous toutes ses formes : unités de néonatalogie, pédiatrie, gériatrie, mais aussi neuropsychiatrie, rééducation neurologique, soins palliatifs, centres antidouleur, blocs opératoires, salles de réanimation, urgences…
“La musique contribue aussi à ‘réparer’ le cerveau”, détaille Gérard Mick ; c’est ce que des travaux menés en Suisse auprès de grands prématurés, attestent.
“La musique est un outil qui possède cette capacité très rare d’être utilisable sous  deux facettes : relaxation ou stimulation”, précise Hervé Platel, neuropsychologue à l’université de Caen Normandie.

La connexion entre ces différentes zones est associée à la sécrétion de dopamine, le neurotransmetteur dit de la récompense et du plaisir, et aussi d’endorphines, des neuromédiateurs aux propriétés analgésiques et euphorisantes. “Voilà pourquoi la musique adoucit les mœurs… mais aussi les douleurs, note Gérard Mick, neurologue au centre hospitalier de Voiron (Isère) et neurobiologiste à l’université Claude-Bernard de Lyon.

Alors, musique, matin, midi et soir pour tous ?
Une proposition qui n’aurait pas déplu au philosophe et compositeur allemand Friedrich Nietzsche, pour qui ” sans la musique la vie serait une erreur”.